Pauvreté : 27% des indépendants gagnent moins que la moitié du SMIC, 10% vivent sous le seuil de pauvreté

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L’INSEE a publié ce jour une étude sur les revenus 2019 des indépendants (avant donc la crise COVID). Travailler et gagner mal sa vie, c’est le sort réservé à une part importante d’indépendants. Détails.

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Un peu plus d’un indépendant sur dix gagne moins de la moitié du SMIC annuel et vit sous le seuil de pauvreté, une étude signée Martine Azouguagh, Fabien Delmas (Insee). En 2019, la France métropolitaine compte plus de 3 millions d’indépendants. Les activités qu’ils exercent sont très variées ainsi que le revenu qu’ils en retirent. Ils sont exploitants agricoles, électriciens, restaurateurs, coiffeurs, pharmaciens, avocats ou encore artistes. Pour les heures de travail effectuées, plus d’un quart des indépendants gagne moins de la moitié du Smic annuel. Ils sont plus nombreux à être dans ce cas parmi les femmes, les jeunes qui débutent leur vie professionnelle, ceux qui poursuivent une activité au-delà de 65 ans ou encore ceux qui exercent une profession de l’information, des arts et des spectacles. Toutefois, la perception de faibles revenus d’activité ne conduit pas nécessairement à une situation de pauvreté monétaire. En effet, les revenus d’un conjoint qui travaille ou la perception de prestations sociales peuvent avoir un effet protecteur. Ainsi, avec ou sans enfant, les indépendants sont beaucoup plus touchés par la pauvreté monétaire lorsqu’ils ne vivent pas en couple.

27% des indépendants gagne moins de la moitié du Smic annuel

La moitié des indépendants exerçant une profession de l’information des arts et des spectacles gagne très peu. Parmi les indépendants, les femmes, les plus jeunes et les plus âgés ont plus souvent de très faibles revenus Les indépendants seuls ou élevant seuls un ou plusieurs enfants sont plus exposés à la pauvreté Les prestations sociales représentent une part importante du revenu disponible des indépendants gagnant très peu. Plus d’un quart des indépendants gagne moins de la moitié du Smic annuel En 2019, la France métropolitaine compte plus de 3 millions d’indépendants, d’après les résultats de la dernière enquête sur les revenus fiscaux et sociaux (ERFS) (sources). Ils se distinguent des salariés par l’absence de contrat de travail et par le fait qu’ils n’ont pas de lien de subordination juridique permanent à l’égard d’un donneur d’ordre.

Présents dans l’ensemble des secteurs d’activité, ils peuvent travailler seuls, employer un ou plusieurs salariés ou encore avoir le statut d’aide familial. Une partie d’entre eux exercent leur activité en tant que micro-entrepreneurs et ils peuvent par ailleurs cumuler une activité salariée (et donc des revenus salariés) en plus de leur emploi principal d’indépendant. Le statut d’indépendant présente un risque en matière de revenu lié aux aléas affectant leur activité. Ainsi, en 2018 et 2019, quatre indépendants sur dix ont des revenus d’activité déclarés à l’administration fiscale inférieurs au Smic annuel correspondant à la quotité de travail qu’ils déclarent exercer.

Pour plus d’un quart d’entre eux (27 %), les revenus d’activité annuels sont inférieurs à la moitié du Smic rapporté à leur quotité de travail : ils sont qualifiés dans cette publication de « gagnant très peu » (méthode). Si plus de 80 % des indépendants comme des salariés déclarent travailler à temps plein, cette proportion est inférieure parmi les indépendants gagnant très peu (75 %).

(c) INSEE

Par ailleurs, 18 % des indépendants ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté monétaire. Ces deux populations ne coïncident que partiellement : seuls 12 % des indépendants cumulent faibles revenus et pauvreté (figure 1). Le niveau de vie prend en effet en compte l’ensemble des ressources du ménage et dépend de la composition familiale. Les indépendants ayant des revenus d’activité très faibles peuvent par ailleurs percevoir des revenus de remplacement : 21 % d’entre eux bénéficient d’allocations chômage contre 11 % de l’ensemble des indépendants et 12 % perçoivent une pension de retraite contre 8 % des indépendants. L’approche monétaire de la pauvreté a toutefois certaines limites pour appréhender la situation des indépendants dans la mesure où une partie des dépenses de consommation de ces derniers peuvent être intégrées directement dans les comptes de leur société ou exploitation (dépenses d’énergie ou de logement par exemple), rendant leurs conditions de vie potentiellement plus favorables. De fait, si le taux de pauvreté monétaire des indépendants est nettement plus élevé que celui des salariés, dans leur ensemble ils ne sont pas plus confrontés que les salariés aux privations matérielles et sociales.

Allocations

Les minima sociaux comme le RSA ou la prime d’activité sont des allocations destinées à compléter les ressources des ménages tout en incitant au maintien ou à la reprise d’emploi. Le RSA s’adresse essentiellement aux personnes de plus de 25 ans. Les indépendants sont plus nombreux à percevoir le RSA que les salariés (5 % contre 3 %). Cette proportion atteint 13 % lorsque les indépendants gagnent très peu et 18 % lorsqu’ils vivent sous le seuil de pauvreté.

La prime d’activité s’adresse aux personnes en emploi, dès 18 ans. Dans leur ensemble, les indépendants en bénéficient moins souvent que les salariés (14 % contre 21 %). En revanche, ceux qui gagnent très peu et ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté la perçoivent plus souvent (respectivement 23 % et 34 %).

Les prestations familiales sont destinées aux ménages ayant des enfants. Une grande partie d’entre elles sont versées sous conditions de ressources ou modulées selon les ressources. Les indépendants qui vivent sous le seuil de pauvreté les perçoivent plus souvent que les indépendants qui gagnent très peu et que les indépendants dans leur ensemble (respectivement 45 % contre 35 % et 37 %).

Propriétaires et locataires peuvent bénéficier d’une allocation logement sous condition d’éligibilité. Cette allocation est versée à 14 % des indépendants. 38 % des indépendants vivant sous le seuil de pauvreté perçoivent une prestation logement et 25 % des indépendants gagnant très peu. Pour les indépendants et les salariés qui les perçoivent, les aides au logement représentent 10 % du revenu disponible moyen. Cette part s’élève à 14 % pour les indépendants ayant de faibles revenus d’activité et 16 % pour les indépendants sous le seuil de pauvreté.

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