Pêche à pied : comment en profiter tout en préservant l’estran et sa biodiversité ?

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Pêche à pied : nos conseils pour en profiter tout en préservant la biodiversité!

Pêche à pied : les bons réflexes de base

Comme toute activité sur le domaine publique, la pêche à pied est soumise à une réglementation qui varie en fonction de la zone géographique, de la saison, des espèces et de leur densité. Ayez le réflexe de vous informer auprès de l’office de tourisme ou de la mairie pour connaître les spécificités de la région dans laquelle vous vous trouvez. Vous y glanerez des informations importantes sur la taille règlementaire propre à chaque espèce, les quantités autorisées par jour et par personne, les interdictions ponctuelles de toutes formes de pêche…

D’une manière générale :

  • Il est strictement interdit de pêcher du coucher au lever du soleil.
  • On ne jette aucun déchet sur l’estran : pour rappel un mégot de cigarette c’est 500 litres d’eau polluée.
  • On fait attention à ne pas piétiner partout, ni labourer l’estran avec des engins ou des outils inadaptés. 
  • On n’arrache pas les algues : on laisse se remettre en place celles que l’on a soulevées et écartées en cherchant les coquillages collés sur les parois des rochers (berniques, bulots, bigorneaux, exceptionnellement ormeaux). Si, pour maintenir vos prises au frais, vous optez pour un lit de goémon à placer au-dessus de votre seau, attention de les couper en laissant au moins un tiers de leur longueur pour qu’elles se régénèrent plus vite. 
  • On privilégie les techniques de pêche douce qui ne perturbent pas le milieu. Quoique l’on y trouve, on replace toujours dans sa position initiale ce que l’on bouge. On procède doucement pour soulever sur une face, sans le retourner, un caillou afin de perturber le moins possible toutes les espèces qui y ont élu domicile. Au même titre qu’un tronc mort à terre en forêt abrite une multitude de micro-organismes, un caillou fait partie intégrante du biotope de l’estran. « Une pierre non remise en place perd 30 % de sa biodiversité en moyenne et mettra environ 3 ans à la retrouver ».
  • On vérifie la conformité des outils utilisés : certains sont totalement interdits comme le marteau par exemple.
  • On ne prélève pas plus que ce que l’on ne va consommer… même si on n’a pas atteint son quota ! Les produits de la mer ne se conservent pas longtemps surtout par forte chaleur, donc on ne gaspille pas (il est par ailleurs strictement interdit de revendre les produits de sa pêche).

L’équipement du pêcheur à pied pour une pêche douce et respectueuse du milieu

L’équipement de base, c’est un panier de pêche ou un seau pour transporter ses prises, une épuisette et une toise pour mesurer ses prises et relâcher celles qui ne correspondent pas à la réglementation en vigueur. Il existe des réglettes (dans le même esprit que celles pour doser les spaghettis) qui associent une photo des bivalves fouisseurs et le gabarit correspondant à la taille minimale autorisée, (bien utile car beaucoup d’erreurs d’identification subsistent entre palourdes, praires, coques et clams pour lesquels les tailles réglementaires de capture diffèrent). Elles sont généralement disponibles auprès des offices de tourisme. Il est aussi possible de tracer deux traits sur son râteau pour mesurer les coquillages, ou pour les novices, se rédiger un petit memento imperméabilisé, sorte d’antisèche, plié dans sa poche.

Réglette de mesure des coquillages et crustacés

  • Ni pelle pour retourner le sol, ni gros râteau à dents multiples qui labourent l’estran ! L’outil le plus adapté reste vos mains : bien plus sensibles et donc plus précises et sélectives qu’un outil. On peut prévoir un gant protecteur, bienvenu pour décrocher les moules et les huîtres ou se protéger des pinces des crustacés.
  • Si vraiment vous souhaitez utiliser un ustensile, pas besoin d’investir dans des outils perfectionnés. On trouve dans sa cuisine de petits ustensiles moins invasifs pour le même usage : une cuillère à soupe pour creuser, une fourchette pour ratissage léger, un couteau pour décoller les coquillages qui adhèrent fortement. Quant au crochet utile pour pêcher au trou et déloger crabes et couteaux, on en confectionne un soi-même à l’aide d’une baleine de parapluie, d’un rayon de roue de vélo ou d’un cintre. 
  • Pour certains mollusques, comme les couteaux de sable, utilisez du gros sel de mer. Ces mollusques fouisseurs reconnaissent à la concentration de sel versé dans leurs trous un signal de la marée montante et…remontent d’eux-mêmes à la surface.
  • Pour la pêche aux crevettes ou aux étrilles, choisir une épuisette dont les mailles ne sont pas trop serrées afin de laisser passer les plus petits gabarits. Ce qui ne dispense pas de réaliser le tri SUR PLACE pour aussitôt remettre les sujets hors calibre autorisé dans leur habitat naturel - lui seul réunit les conditions propices à leur survie - et non dans l’eau à 300 mètres de là, après avoir séjourné 1 heure dans un seau.
  • On ne pêche pas à moins de 15 mètres des cultures de bouchot, parcs à huîtres et casiers à crustacés, si l’on est amené à les longer, voire à les traverser car ce sont des concessions professionnelles.

Tailles et quantités : la réglementation à suivre 

Comme la règlementation diffère selon les régions, les espèces, l’époque de l’année et les conditions sanitaires des côtes, il est important de se renseigner auprès des autorités locales : mairies et offices de tourisme relaient les consignes générales et/ou les mesures prises ponctuellement qui émanent des services compétents :

Exemple de réglementation pêche à pied ( Manche)

Exemple de tableau synthèse pour la Manche

Zoom sur les milieux fragiles de la pêche à pied

  • Les moulières : sur la partie supérieure des rochers découverts à marée basse, on peut trouver des moules apparaissant en amas enchevêtrés. Ces moulières sont un abri et une réserve de nourriture pour d’autres organismes vivants d’où l’importance de ne prélever que la quantité autorisée, et de scrupuleusement respecter la taille minimale réglementaire. Le meilleur moyen pour être sélectif et laisser les jeunes moules accrochées au rocher, est de les prélever directement à la main.
  • Les champs de blocs : comme leur nom l’indique ce sont de grandes étendues de pierres rocheuses où sein desquelles vivent quantités d’espèces animales et végétales. Très prisés par les pêcheurs de crabes, étrilles et crevettes, il est indispensable que chacun remette toute pierre retournée dans sa position d’origine. 
  • Les zones herbières qui se découvrent à marée basse fourmillent de vie. Ces prairies marines constituées de plantes à fleurs (zostères) constituent l’habitat, le lieu de reproduction et une importante source de nourriture pour beaucoup d’espèces. Il faut à tout prix éviter de piétiner ces zones très fragiles et surtout ne pas les ratisser. La pêche à pied y est d’ailleurs interdite en Bretagne.
  • Les récifs d’hermelles, sont le résultat de la colonisation de vers de 3 à 4 cm qui construisent des tubes d’une cinquantaine de cm. Accolés les uns aux autres, ils forment sur les rochers d’immenses structures en nid d’abeilles. Ils ont un rôle prépondérant dans l’écosystème car ils abritent d’extraordinaires densités de juvéniles d’espèces bivalves, de crevettes et de crabes (jusqu’à 60 000 individus par m2) et constituent une importante source de nourriture pour de nombreuses autres espèces. S’étendant parfois sur plusieurs hectares, on évite à tout prix de pénétrer dans le périmètre de ces zones fragiles.

Pour en savoir plus : http://www.iodde.org/category/Peche-a-pied

Quelques conseils pour pêcher à pied en toute sécurité…

  • On se renseigne sur les horaires de marées car la pêche à pied se pratique sur l’estran, la partie découverte du littoral en fonction des coefficients de marée. La marée est en position basse à partir d’un coefficient de 50. Les grandes marées qui peuvent atteindre un coefficient de 120 permettent de rendre accessibles des zones plus éloignées du rivage.
  • Carte et détail des horaires de marée en France et dans les pays limitrophes : https://maree.shom.fr/
    • Question de bon sens : l’horaire de marée basse désigne l’heure à laquelle la mer commence à remonter, ce n’est donc pas le meilleur moment pour commencer à pêcher et s’aventurer au loin, surtout avec des enfants.
  • On prévient de son départ et on donne une heure de retour à une personne de son entourage. Valable partout en Europe, le 196 est le numéro d’urgence pour les secours en mer, très utile - à condition d’emporter son téléphone portable - si l’on se fait surprendre et encercler par la marée montante ou que l’on s’envase. Prévoir de remonter en moyenne 45 minutes avant le bas du flux.
  • On ne part pas pieds nus : bottes ou chaussures type méduse sont indispensables pour ne pas se blesser (rochers, surfaces coupantes, possibilité de contact avec des matières urticantes). 
  • On consulte sans faute la météo : risque d’orage ou de se perdre en cas de brume marine. Si l’on projette de s’aventurer plus loin que la moyenne, on se renseigne avant auprès des pêcheurs « locaux » des zones à risques.
Chapo : 
Pratiquée par près de 2 millions de personnes chaque année, la pêche à pied est une activité récréative, qui séduit de plus en plus d’adeptes l’été en famille ou entre amis. À chaque marée basse, casquettes sur la tête et seaux en main, nombreux sont les pêcheurs amateurs que l’on voit scruter le sable, les trous d’eau ou les rochers pour y dénicher coques, palourdes, praires, moules ou autres bigorneaux. Bien pratiquée, en réduisant au maximum son impact, elle peut se révéler être un formidable moyen de découvrir la richesse et la fragilité du milieu marin et de comprendre la nécessité de protéger l’habitat naturel de chaque espèce. Bien se préparer avant de s’aventurer sur l’estran est donc indispensable. Avec notre partenaire, le CPIE Marennes d’Oléron, nous vous proposons quelques conseils et mesures à prendre pour pêcher dans le respect du milieu et de sa biodiversité…
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Mercredi, 17 juillet, 2019

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